Plus tendance que la « gonflette », c’est la « grimpette » ! Mais attention, il s’agit désormais de grimper bien au sec et bien au chaud. Nous sommes très loin des parois rocheuses de nos massifs, nous nous situons au contraire dans les plaines : près de 250 salles d’escalade ont été créées au cours des quinze dernières années.
En France il y en tout plus de 3 millions de grimpeurs, en salle ou en extérieur. Au moins 2 millions de Français se rendraient en salle de façon assez régulière. On estime à 10 millions le nombre d’entrées par an dans les salles d’escalade françaises.
Ces dernières ont été imaginées initialement pour permettre aux alpinistes passionnés de s’entraîner l’hiver, mais en fait elles ont très vite séduit les urbains. Parmi les puristes, beaucoup ont craint que les grimpeurs en salle ne viennent coloniser « leurs » montagnes. Or cela n’a jamais été le cas : 40 % des inscrits n’ont jamais escaladé à l’air libre, et ne le feront sans doute jamais.
Selon des études, la clientèle est majoritairement constituée d’actifs de catégories sociales professionnelles élevées (CSP+), elle est plutôt jeune (25-35 ans), et mixte. Ces clients des salles d’escalade préfèrent cette pratique davantage cérébrale à la « muscu » pure et dure. Les salles d’escalade sont souvent des franchises, comme pour le fitness.
L’escalade a fait ses débuts en tant que sport olympique lors des JO de Tokyo 2020, ce qui a certainement accru la visibilité de la discipline, comme la publicité d’ailleurs, ou encore l’arrivée de célébrités dans ce sport : Jason Momoa, Jared Leto, Kirsten Dunst, François Civil, Harry Styles. Pour les JO de Paris 2024, la française Oriane Bertone est qualifiée, est-ce que cela incitera encore de nombreux novices à s’intéresser à l’escalade et à se diriger vers les salles ? Difficile à prévoir.
Nous pouvons cependant observer qu’en quelques années, surfant sur la mode des sports nature, l’escalade est passée d’un sport « inaccessible », selon certains, à une véritable tendance de fond. Nouvel eldorado des citadins, la salle a la cote ! Comment expliquer un tel engouement ? Décryptage.
En France comme dans le monde, l’essor des salles d’escalade peut paraître surprenant. Mais il faut dire que le succès de ces salles indoor est un phénomène multifactoriel : l’escalade semble être devenue un sport tendance pour plusieurs raisons.
Au niveau du corps, l’escalade est un sport très complet puisqu’il mobilise les membres supérieurs et inférieurs, mais également le dos et la ceinture abdominale. D’ailleurs, l’escalade serait particulièrement bénéfique contre les problèmes de dos. Un seul point négatif demeure pour certains : si l’on souhaite faire du sport pour prendre de la masse, il ne faudra pas opter pour l’escalade qui va au contraire davantage sculpter le corps dans la longueur.
L’escalade développe également la souplesse et l’agilité, des qualités nécessaires pour maximiser des déplacements rapides et assurés.
De plus, ce sport aide au développement psychomoteur : prendre conscience de son corps, jouer avec ses différents points d’équilibre, travailler sa coordination mains-pieds, anticiper les mouvements, les répéter et les mémoriser.
Outre le corps, l’escalade est également bénéfique pour l’esprit. Tout d’abord parce que la notion de dépassement est forte : quel que soit le niveau, le grimpeur ressent l’envie d’aller en haut du bloc, ou de la voie, et il se motive grandement pour y arriver. Après l’effort, toucher la dernière prise procure un sentiment de satisfaction. La prise de risque en escalade libère de l’endorphine. L’escalade permet aussi de prendre confiance en soi : les voies de tous les niveaux permettent à tous de repartir avec un sentiment de satisfaction et de confiance en soi, même les enfants les plus petits, ou les débutants. Enfin, grimper nécessite de la concentration : viser la prise d’après, ne pas tomber. On ne peut penser à rien d’autre, on se vide complètement la tête. En cela, l’escalade constitue le sport afterwork parfait.
L’escalade est un sport qui propose une grande variété de disciplines, de la falaise à la salle de bloc, en passant par la compétition ou les grandes voies. C’est là la grande richesse de l’escalade. En effet, en fonction de leur âge et de leur expérience, les grimpeurs peuvent choisir la forme d’escalade qui leur correspond le mieux. Voici les disciplines les plus pratiquées :
Le grimpeur doit tenter d’enchaîner des mouvements intenses pour atteindre le sommet d’un bloc de faible hauteur, sécurisé par de gros matelas de réception en cas de chute.
L’objectif est de grimper une voie et d’aller le plus haut possible sans tomber. Dans ce cas, les pratiquants sont assurés par une corde.
C’est une course contre la montre avec comme objectif d’atteindre le sommet le plus rapidement possible.
L’objectif est d’enchainer de nombreuses voies sur de très hautes parois et d’aller jusqu’en haut de parois pouvant atteindre 1000 mètres de hauteur (Yosemite).
Ces dernières années, l’escalade a connu une croissance significative en popularité, pourquoi ? En raison du nombre croissant de salles privées ; c’est l’offre qui crée le public. Il faut dire que pour les débutants, ces salles offrent un environnement « secure » : grâce à elles, on élimine la barrière de l’accès à des sites en extérieur, souvent plus éloignés, et nécessitant surtout une grande expérience en termes de sécurité. La salle indoor permet à un public plus large de s’initier à l’escalade, désormais véritable sport de proximité.
C’est la salle de bloc qui rencontre le plus de succès auprès des citadins. Ce format est privilégié, notamment par les franchises, car il requiert moins d’espace et d’investissement ; pour les pratiquants, les salles de bloc nécessitent également moins de matériel et moins de technique. En conséquence, le marché est en pleine expansion.
En une seule séance dans une salle de bloc urbaine, il est aisé de constater à quel point l’entraide est au cœur du système. Premier point : l’escalade est souvent pratiquée en groupe, ce qui en fait une activité sociale par excellence. Les grimpeurs partagent leurs expériences, ils s’encouragent mutuellement et ils construisent des relations au sein d’une communauté. Si on arrive seul dans une salle d’escalade, on le reste rarement très longtemps. Précisons également que les réseaux sociaux jouent également un rôle, ils contribuent à la popularité croissante de l’escalade.
Les salles rassemblent, et elles rassemblent tous les âges. C’est un sport complet, il est idéal pour les enfants avides de sensations fortes, sans risque. Il séduit aussi bien les jeunes que leurs parents. Les salles sont de nos jours des espaces de grimpe modulables et graphiques, souvent associés à une ambiance propice au divertissement, à l’amusement et au bien-être.
Il existe des blocs de grimpe pour tous les âges et tous les niveaux : il faut rendre l’escalade accessible à tous, dans la joie et la bonne humeur. C’est également pour cela qu’en général les salles d’escalade « nouvelle génération » sont dotées d’espaces complémentaires, pour enrichir davantage l’expérience utilisateur, conquérir un public assez large, et continuer à avoir ce caractère fédérateur. Il n’est alors pas rare de voir se greffer à la salle d’escalade un bar, un restaurant, une salle de fitness et de musculation, un studio de yoga, de pilate, avec de la musique tendance. Tout est pensé pour réunir tout le monde, et pour que chacun passe un moment agréable.
Vous l’aurez compris, c’est en associant toutes ces raisons que l’escalade est devenue un sport tendance. Elle attire un large éventail de personnes à la recherche de défis physiques, d’une communauté sociale, ou d’opportunités pour se reconnecter avec la nature.
Loin d’être terminé, cet essor des salles d’escalade pourrait « atteindre des sommets » avec les prochains Jeux olympiques organisés en France l’été prochain. À Paris, sur le site du Bourget, deux épreuves d’escalade distinctes sacreront leurs champions et championnes : l’une combinant « bloc et difficulté », et l’autre uniquement basée sur la vitesse.
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